Par Mathieu Larivière, Initiative de journalisme local
Le projet d’agrandissement du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent a le vent dans les voiles. Au cours des dernières semaines, cinq séances de consultations publiques ont eu lieu des deux côtés du fleuve pour percevoir les commentaires et les interrogations des communautés riveraines qui seront potentiellement impactées par le projet. TVCO était présent lors de la consultation qui s’est tenue au Domaine Forget de Saint-Irénée pour entendre la population charlevoisienne.
En première partie de soirée, une séance d’information a été tenue pour présenter les grandes lignes du projet à la population. Une période d’échanges et de questions du public a suivi cette présentation. L’ensemble des partenaires qui assurent la gestion du parc marin actuel (ministère responsable de l’Environnement au Québec, SÉPAQ et Parcs Canada) étaient présents pour répondre aux interrogations citoyennes. « Aujourd’hui, on soumet à la population de Charlevoix un territoire, mais un projet d’agrandir le parc marin de 3,6 fois la taille actuelle », s’est exprimée Nathaël Bergeron, directrice pour l’unité de gestion du Saguenay-Saint-Laurent à Parcs Canada.
Aux dires de cette dernière, les motivations environnementales pour élargir la zone protégée seraient nombreuses. « Quand on crée un parc marin, ce qu’on veut faire, c’est mettre la conservation au coeur de nos décisions, mais aussi la mise en valeur, la sensibilisation, l’éducation », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que l’aire de protection viendrait « harmoniser la cohabitation entre les humains et les mammifères marins, la faune en général ». La protection du béluga constitue ainsi l’un des arguments centraux au coeur des finalités souhaitées par les cogestionnaires de la zone protégée. « Son habitat essentiel, du béluga… le parc marin protège actuellement juste 37%, donc c’est l’une des principales raisons pour lesquelles on veut agrandir le parc marin », a indiqué Nathaël Bergeron.
Les cogestionnaires du parc marin cherchent toutefois à rassurer et à informer la population. Ils affirment ne pas vouloir exclure tout type d’activités humaines de l’aire protégée. La marine marchande, la pêche commerciale ou récréative, ou encore certaines activités prenant place sur le fleuve, tel le kayak de mer, seront encore permises. Les distances d’approche des animaux, ou encore la vitesse autorisée des embarcations dans certains secteurs, seront des éléments qui seraient toutefois modifiés une fois le projet officialisé. Certains usages et activités deviendraient également interdits dans la zone projetée, tels les sports nautiques de traction (ski nautique, wakeboard, etc.), la motomarine, les aéroglisseurs, l’exploitation énergétique et minière ainsi que l’usage de drones à moins de 600 mètres (2 000 pieds) de hauteur du cours d’eau.
Opinion de la population
Des résidents de Charlevoix présents à la soirée d’informations avaient des avis et des questionnements variés sur le projet. Une dame de Saint-Irénée s’est notamment intéressée à savoir le parc, qui couvrirait dorénavant l’ensemble du littoral charlevoisien, allait inclure une composante sur l’histoire humaine qui a eu cours dans le fleuve durant les derniers siècles. « Je suis sur un petit comité qui défend, […] qui promeut la pêche à la fascine […] je me demandais quel impact ça aurait […] », a-t-elle soulevé, avant d’ajouter qu’elle aimerait « qu’on valorise l’histoire aussi, l’histoire maritime… de Charlevoix, puis de toutes les autres parties qui seraient dans le parc ».
Une autre dame s’est réjouie de l’agrandissement du parc marin. « On trouve ça vraiment intéressant au niveau touristique [chez Cratère et marées], on est en train d’écrire un mémoire pour appuyer le projet », a-t-elle affirmé.
Du côté de Parcs Canada, la porte-parole estime que l’opinion citoyenne à la proposition d’agrandissement est favorable. « D’entrée de jeu, la réponse est très positive. On sent que les gens ont de l’intérêt pour mieux protéger le fleuve, donc les préoccupations qui sortent sont en lien évidemment avec l’harmonisation des activités humaines versus la conservation », a admis madame Bergeron. Certains citoyens se sont notamment interrogés sur les activités qui seraient interdites, telles que l’usage de la motomarine. D’autres ont également questionné la possibilité de pouvoir mener des opérations de dragage dans la zone visée par le projet au cours des années à venir. « Globalement, on arrive à trouver des réponses satisfaisantes aux questions, donc on pense que le parc marin actuel pourrait être agrandi », a observé Nathaël Bergeron en réponse à ces préoccupations.
Le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent devrait être officiellement agrandi d’ici la fin de l’année 2025. S’il est maintenu dans la version d’expansion actuellement proposée, sa superficie s’étendrait sur près de 4500km2, allant de Petite-Rivière-Saint-François à Pointe-à-Boisvert sur la rive nord du fleuve, et de Saint-Jean-Port-Joli au parc national du Bic sur la rive sud. Le fjord du Saguenay conserverait la même superficie protégée.