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2 groupes en francisation maintenus, mais 100 étudiants en moins

Par Mathieu Larivière, Initiative de journalisme local

Le gouvernement du Québec a récemment annoncé une redirection des budgets qui étaient alloués à la francisation des nouveaux arrivants inscrits dans les centres de services scolaires à travers l’ensemble de la province. L’équipe de TVCO s’est intéressée à la situation dans Charlevoix et aux répercussions potentielles de ses nouvelles directives sur la vie des personnes nouvelles arrivantes dans notre région.

Monique Brassard, présidente du syndicat de l’enseignement de Charlevoix (SEC-CSQ) indique d’entrée de jeu que les mesures visent spécifiquement la fin des cours de francisation pour la formation générale aux adultes dans les centres de services scolaires. Le ministère responsable de l’Éducation au Québec aurait fait adopter en catimini une clause dans les règles budgétaires de juin 2024 qui impose une réduction drastique du nombre d’inscriptions en francisation dans les centres pour l’année 2024-2025. Ce nombre aurait été calqué sur le nombre de nouveaux arrivants qui ont suivi des classes de francisation en 2021, année de la pandémie de covid-19 et durant laquelle les entrées de ressortissants étrangers au pays étaient moindres. « Si je regarde en 24-25, c’est plus que le double d’inscriptions qu’on a par rapport à 2021, dans les faits, [donc] de dire : on prend le nombre d’inscriptions, on va donner des cours au même nombre de personnes qu’en 2021, c’est un non-sens, ça n’a pas de bon sens ! », s’exclame madame Brassard.

Coupures

Dans la région de Charlevoix, c’est près d’une centaine de nouveaux arrivants qui se voient refuser leur réinscription à des cours de francisation. Deux groupes seront toutefois maintenus (un à Baie-Saint-Paul et l’autre à La Malbaie) afin de donner des classes à une vingtaine de personnes qui étudient aux niveaux 1, 2 ou 3 en francisation. Deux enseignants à forfait verront leur mandat être redirigé vers la francisation du Service aux entreprises, un autre volet éducatif du centre de services scolaires de Charlevoix. Deux autres professionnels seront réorientés vers des tâches qui ne sont pas liées à l’enseignement du français. Aux dires de la présidente du syndicat de l’enseignement de Charlevoix, cette redirection des budgets ministériels vient contrevenir au respect de la convention collective des enseignants. « Comme employeur, tu n’as pas le droit de cesser un contrat quand tu n’as pas de bonnes raisons, puis dans notre convention collective, ce que ça dit, c’est que pour mettre fin à un contrat, il faut qu’il y ait une baisse d’élèves, mais là, c’est une fausse baisse d’élèves », affirme-t-elle.

Témoignages

TVCO a également rencontré deux nouveaux arrivants dans la région de Charlevoix, qui suivaient jusqu’à tout récemment des cours de francisation dans notre région. Ces personnes se sont toutefois vu refuser leur réinscription pour le mois de novembre. La première personne, un résident de Baie-Saint-Paul, explique que l’apprentissage de la langue est une préoccupation importante dans sa vie. « C’est nécessaire pour obtenir après la résidence permanente […] ça permet aussi de connaître la culture, les différents pays qui sont ici comme nous… pour partager les cultures, pour partager la langue. Précisément, le français, c’est la liaison de tout ça », souligne-t-il. « Pour l’instant, on attend. Ça, c’est l’instruction que j’ai écoutée », ajoute-t-il.

Une seconde résidente de Baie-Saint-Paul témoigne quant à elle de l’émotion qui l’habite depuis qu’elle a appris la décision gouvernementale. « Je suis triste, je me [suis] dit : Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Parce que j’aimerais continuer mon cours en français, présentiel », confie-t-elle.

Réponse des autres parties dans le dossier

Le centre de services scolaires de Charlevoix a refusé notre demande d’entrevue concernant la gestion du dossier de la francisation dans la région. Le bureau politique de la députée provinciale de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, madame Kariane Bourassa, a indiqué être dans l’impossibilité de commenter le dossier, puisque madame Bourassa est présentement en congé de maternité. Notre demande a été redirigée à l’attaché de presse du ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, monsieur Jean-François Roberge. Ce dernier a déclaré ne pas pouvoir commenter la situation propre à chaque région du Québec, mais s’est dit sensible à la fermeture des classes de francisation dans les différents centres de services scolaires de la province. Il a également mentionné que son ministère travaillait à trouver des solutions durables pour apaiser la crise dans les régions touchées.

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