Par Mathieu Larivière, Initiative de journalisme local
Le Parlement canadien est actuellement prorogé à Ottawa, et la menace des tarifs américains se fait ressentir à travers le pays. Afin de faire le point sur la situation, Martin Ouellet reçoit la députée fédérale Caroline Desbiens du Bloc Québécois, qui réclame des élections rapides pour le Canada.
Madame Desbiens explique tout d’abord que les échos qu’elle a pu entendre des entrepreneurs charlevoisiens quant aux répercussions potentielles des tarifs douaniers américains sur les produits canadiens ne sont pas empreints de fatalisme. « Somme toute, à court terme… quand je dis à court terme, c’est pour la prochaine année, les impacts ne seront pas majeurs. […] Je ne veux pas dire qu’il faut mettre des lunettes roses, mais il ne faut pas non plus céder à la morosité », estime-t-elle.
Elle soutient qu’il existe bel et bien une forme d’inquiétude dans la population charlevoisienne et que certains secteurs d’activité, comme la production de l’aluminium, pourraient être profondément affectés par ces menaces tarifaires. « Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que le Québec n’est pas en mauvaise position dans le contexte des négociations et des traités internationaux, dans la mesure où le Bloc veille au grain », s’exprime-t-elle. Elle indique également que le travail de diplomatie qu’effectue son parti dans les coulisses des relations entre les deux pays servira aux citoyens du Québec.
Pouvoir du Bloc Québécois
Au cours de l’automne dernier, le Bloc Québécois souhaitait faire adopter deux projets de loi à Ottawa, pour protéger la gestion de l’offre des producteurs agroalimentaires du pays et pour rehausser les pensions de vieillesse des personnes âgées entre 65 et 74 ans. Ces deux projets de loi sont finalement morts au Feuilleton avec la prorogation du Parlement. Questionnée à savoir si le parti souverainiste possède un réel pouvoir d’influence sur la colline parlementaire, Caroline Desbiens défend les démarches de son parti en soutenant que ces enjeux ont été mis à l’avant-scène dans le débat public en raison des actions des bloquistes. « Même si le projet de loi n’est pas passé, dans le collectif de la société québécoise et même canadienne, je verrais très mal le Canada se servir de la gestion de l’offre pour négocier des traités internationaux », affirme-t-elle.
Élections à venir
Madame Desbiens plaide pour des élections fédérales rapides au Canada. « Je pense qu’il faut rapidement refaire un Parlement, refaire un outil de travail au niveau gouvernemental pour être capable d’embarquer sur la patinoire. Parce que là, au-delà des questions de souveraineté ou pas, présentement, on a l’impression que le Canada est attaqué, mais que la réponse, on est au neutre présentement », estime-t-elle.
Elle admet que le projet de souveraineté que son parti a longuement défendu au courant des dernières années n’est plus la priorité, et que les bloquistes veilleront à collaborer avec le reste du pays pour défendre les intérêts nationaux face aux États-Unis d’Amérique. « Est-ce qu’on est obligé de s’asseoir sur notre chaise, d’attendre, puis de voir le Québec se faire monnayer par le Canada? Ou si on est mieux d’être au front avec le reste du Canada, veiller au grain et être collaboratif, proposer des suggestions qui parfois sont bonnes pour le Québec […] ? On est mieux d’être dans l’action que de se faire avoir », soutient cette dernière.
« Surtout, ne cédez pas à la morosité. Le Québec est riche, fort et on est capable de se défendre », conclut-elle.